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Le bore-out : qu’est-ce que c’est ?

22 octobre 2020
Bore-out : épuisement professionnel dû à l’ennui au travail

Chacun sait ce qu’est le burn-out ou a déjà entendu ce terme. Le bore-out est beaucoup moins connu du grand public. Pourtant, il peut être tout aussi destructeur de la personnalité. Comme le burn-out qu’on veut éviter à tout prix,  le bore-out peut engendrer la dépression, voire conduire au suicide.

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Le bore-out c’est, selon la définition du dictionnaire Larousse : « un , engendrant une démotivation, une dévalorisation de soi, ainsi qu’une intense fatigue physique et psychique ».

 

L'ennui profond au travail dû à une absence d'activité professionnelle

© Andrea Piacquadio – Pexels

C’est donc le contraire du burn-out mais l’ennui chronique peut engendrer les mêmes maux et représente un risque psycho-social en entreprise. Tout comme le burn-out, être malade d’ennui n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle et pourtant :
Selon une étude Stepstone de 2008 citée par le Docteur François Baumann dans son livre Eliminer la souffrance au travail paru en 2019, l’ennui au travail toucherait 32 % des salariés en Europe qui déclareraient passer au moins deux heures par jour à ne rien faire.

Comment reconnaît-on le bore-out ?

Les troubles sont :

  • Une apathie, une fatigue pouvant conduire à la dépression
  • La perte de sommeil et la rumination des situations d’ennui dans le travail
  • Du stress pouvant aller jusqu’à provoquer des accidents cardio-vasculaires
  • Des crises de larmes sans raison
  • Des maux de tête, sensations de malaise, vertiges ou maux de ventre
  • La perte de concentration, de mémoire,
  • Etc…

Le bore-out est insidieux. Il s’installe progressivement, sans que la personne en mesure les conséquences à terme.
Mais ce qui caractérise le mieux le bore-out c’est la sensation de culpabilité et de honte.

En période de crise économique, comme celle que nous traversons aujourd’hui, avoir un travail, aussi ennuyeux soit-il, peut apparaître comme un privilège. Ce qui interdirait de se plaindre ou d’en parler autour de soi, d’autant que d‘autres sont au chômage partiel ou ont perdu leur emploi.

Cependant, compter les heures, donner l’impression d’être occupé, surfer sur internet au bureau pendant des heures, étirer dans le temps le peu de tâches à effectuer, peut être à terme dévastateur pour la santé psychique et physique. Car accomplir des tâches routinières, dénuées d’intérêt ou pour lesquelles les compétences sont sous-utilisées va impacter progressivement le moral.
L’absence de nouveau défi ou de challenge lorsque les tâches sont parfaitement maîtrisées va devenir source de stress et de frustrations. Le bore-out va entraîner un sentiment de culpabilité ou la honte de s’être laissé enfermer dans une telle situation.

A cause du bore-out, la personne se sent inutile socialement. Elle ressent un immense gâchis à voir ses compétences non employées, son énergie disparaît et la moindre tâche répétitive ou ennuyeuse la fatigue. Elle perd peu à peu l’estime de soi, elle rumine sur son sort toute la journée et ose de moins en moins en parler.

Quelles professions, quels postes sont les plus touchés ?

Certaines professions et postes sont plus exposés que d’autres.

  • Les postes administratifs dans la fonction publique,
  • les postes dédiés uniquement à la surveillance, à l’accueil (agent de sécurité, hôtesse d’accueil, assistants de direction…)
  • les postes qualifiés de « placard », lorsqu’une entreprise veut mettre à l’écart un salarié ou à la suite d’une réorganisation interne
  • les postes pour lesquels l’employé est surqualifié

 

Le bore-out ou l'absence d'activité au travail

© Polina Zimmerman – Pexels

 

Sont visés également ce que l’anthropologue américain David Graeber a appelé  les « boulots de merde » dans son livre Bullshit Jobs paru en septembre 2018 : « une forme d’emploi rémunéré qui est si totalement inutile, superflue ou néfaste que même le salarié ne parvient pas à justifier son existence, bien qu’il se sente obligé, pour honorer les termes de son contrat, de faire croire qu’il n’en est rien ».

Les titres de postes tels que chef de mission, directeur de projet, coordonnateur de projet, etc… peuvent cacher une absence de réel projet ou de mission. Des missions aux contenus vraiment floues transmettent également au salarié le sentiment de ne servir à rien.

Comment s’en sortir ?

  • Discuter avec son manager ou sa hiérarchie pour enrichir son poste (lorsque cela est possible)
  • Demander un arrêt de travail à son médecin si la situation est trop douloureuse
  • Changer de poste, d’entreprise, voire de métier
  • Se faire aider, en parler à un professionnel : médecin du travail, coach professionnel, psychologue…

En cas de bore-out, il est fortement recommandé de se faire aider par une personne tierce pour prendre du recul sur sa situation, retrouver la confiance en soi perdue au fil du temps et l’énergie de s’engager dans un travail qui a du sens. Car s’ennuyer au travail est une aberration et est dangereux à terme pour la santé.

La période actuelle peut être l’opportunité d’une  réflexion sur soi et l’occasion de saisir sa chance lors de la future reprise économique et des nouveaux emplois qui vont immanquablement émerger.

Par Valérie Pouliquen, coach professionnelle du réseau Medoucine.

 

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