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Un auteur acquitté de porno juvénile

Il était poursuivi pour des passages d’un roman

PH-Facebook
L’écrivain Yvan Godbout s’est toujours défendu de produire de la porno juvénile. Photo d'archives


L’auteur québécois Yvan Godbout, qui avait été accusé de production de pornographie juvénile pour des extraits d’un roman à succès, vient d’être acquitté par un juge qui a, au passage, invalidé des dispositions de la loi trop larges, selon lui. 

«De nombreuses personnes et institutions publiques, on pense à des bibliothèques universitaires, municipales ou scolaires ainsi que des librairies, se retrouvent potentiellement en position de faire l’objet d’accusations [...] puisqu’elles possèdent, prêtent ou vendent de telles œuvres», a commenté le juge Marc-André Blanchard dans une décision rendue au palais de justice de Sorel-Tracy.

  • Écoutez Yvan Godbout, auteur du livre Hansel et Gretel sur QUB radio:

Depuis février 2019, M. Godbout faisait face à des accusations de production de pornographie juvénile, en raison de son roman Hansel et Gretel, qui contenait des passages à caractère pédopornographique. L’œuvre de 250 pages en était une d’horreur et de fiction, avec des passages décrivant le calvaire d’un frère et d’une sœur.

Le livre, qui était vendu en grande surface, contenait un avertissement aux lecteurs, mais ce n’était pas suffisant pour une citoyenne qui a porté plainte à la police.

Arrestation étonnante

M. Godbout avait été interrogé une première fois en 2018, pour ensuite se faire arrêter à son domicile lors d’un important déploiement policier, alors qu’il était couché avec son conjoint. Tout son matériel informatique avait été saisi, et les policiers l’avaient interrogé pendant cinq heures, le questionnant entre autres sur sa sexualité.

«Le tribunal ne peut que constater le caractère a priori étonnant, pour ne pas dire exorbitant, des moyens déployés, a noté le juge en rappelant que le matériel litigieux était largement disponible en librairie et même au Costco. On peut sérieusement s’interroger sur l’à-propos des mesures prises par les policiers dans les circonstances.»

Depuis, M. Godbout a dû se défendre contre ces accusations, en plus du stigmate associé à ceux qui attendent un procès pour des crimes contre les enfants. En plus de dépenser beaucoup d’argent, il a perdu sa motivation d’écrire.

«Il dit se sentir victime de l’acharnement de l’État», a ajouté le juge.

Liberté d’expression

Sauf qu’à quelques semaines de son procès devant jury, M. Godbout a obtenu, ce jeudi, une victoire majeure avec son acquittement sur toute la ligne. Le romancier avait d’ailleurs toujours dit qu’il ne faisait pas l’apologie de la pédopornographie, bien au contraire.

«La violence sexuelle sur les enfants constitue la pire dégueulasserie qui puisse exister», avait-il d’ailleurs répété haut et fort au tribunal.

Lors d’une audience, il avait plaidé que sa liberté d’expression avait été entravée, tandis que la Couronne ainsi que l’État voulaient poursuivre le processus judiciaire, défendant la mise en accusation.

Pas une carte blanche

Mais après analyse de la loi, le juge a conclu que certains articles du Code criminel étaient trop larges. En fait, ils étaient si larges qu’une victime de pédophilie ne pourrait pas forcément raconter sa propre histoire afin de dénoncer son agresseur, si elle le désire.

«La victime doit pouvoir transmettre son message à qui elle veut bien le transmettre, qu’il s’agisse d’un seul interlocuteur ou du monde entier, sans devoir se sentir limitée par un carcan législatif», a noté le magistrat.

Notons que l’invalidation de ces articles ne donne pas carte blanche aux pédophiles, mais qu’elle permet d’éviter le dépôt d’accusation dans des cas très spécifiques, comme celui de M. Godbout.

M. Godbout était représenté par Mes Jean-Philippe Marcoux et Jean-Sébastien St-Amand Grinois, tandis que sa maison d’édition ADA, également acquittée, était défendue par Me Charles Montpetit. Me Geneviève Beaudin agissait pour la Couronne, tandis que Mes Michel Déom et Anne-Sophie Bordeleau-Roy représentaient le procureur général du Québec.

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